Extraits d'articles parus dans Imaginaire & Inconscient
Les peurs de Martin (
Imaginaire & Inconscient n°22 (2008) "Ces peurs qui nous habitent")
Résumé : Les peurs exprimées par Martin donnent lieu, à travers les tests projectifs, et à travers les images des jeux et des dessins, à un déploiement où ces peurs laissent place à l’expression des conflits internes. Le travail sur ces images, leur écoute, leur interprétation constituent le travail opérant de la cure. Celle-ci, en rêve-éveillé, privilégie le passage par l’imaginaire, le vécu ou le revécu imaginaire. Le travail analytique prolonge ainsi l’effet bénéfique de ce détour par les étapes de l’élaboration telles que l’agencement des images et des mots les met en lumière. La conflictualité interne trouve elle aussi un agencement plus serein.
Extrait : Martin choisit de jouer avec les dinosaures. Dans son jeu, il commence en distribuant les rôles (sexués et probablement parentaux) « Y a deux chefs, ça c’est le mâle, la femelle. » Il s’aperçoit que les piquants de l’ankylosaure piquent vraiment et décide de le « prendre par la queue. » Il le met avec un tout petit ankylosaure (c’est moi qui lui ai précisé que ce modèle réduit dont les piquants ne piquent pas et sont seulement des dessins, des courbes, est de la même famille que celui qui pique si fort) en disant « Ici avec son papa ». Prenant deux tricératops identiques, Martin dit « y a toujours un roi et une reine. » Il en prend un plus petit « le prince ». Après m’avoir précisé pourquoi les herbivores étaient grands, Martin me dit « C’est pas lui le chef, lui, c’est le prince. » Il ajoute : « Lui (sic), la reine, lui, le roi. » Martin fait se battre chaque « équipe », les tricératops d’un côté, trois tyrannosaures de l’autre. Plusieurs scènes jouées et parlées montrent l’extrême violence de ces dévorations (manger, croquer, mordre, avaler tout cru), de ces castrations (aile du ptérodactyle croquée, bruit de cette dévoration et paroles associées), de ces lancers (l’aile encore, « lancée dans le vide, comme ça on la verra plus jamais. »). Un tel jeu montre comment s’entrelacent vécu, images et mots pour permettre, dans cette séance, et particulièrement dans le jeu avec les dinosaures, un effet possible de dégagement pulsionnel, au vu de ce que j’avais noté à la séance précédente concernant en particulier les pulsions agressives. Dans ce jeu, Martin peut assumer, temporairement, l’agressivité agie, parce qu’elle est projetée sur l’animal ; mais dans l’entretien, il a bien précisé les limites qui le séparent de ces animaux agressifs.
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